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L'Afrique à la Ridef, suite...

Atelier court d'aujourd'hui:

20 ans de démocratie au Bénin, une école Freinet de l'ABEM (Association Béninoise de l'Ecole Moderne) passe à la pratique effective, un modèle à copier.

 

 

Les rencontres continuent toujours plus riches de jour S.Bessan, J.Agossou, E.Dohou,J.Daye de l'ABEM, et 2 participantes à l'atelier!en jour, aujourd'hui c'est donc au Bénin que je me suis rendue!

Le projet présenté par l'ABEM est la tentative de  mise en place de la démocratie participative dans une école. Ce projet, en plus d'être propre à une technique Freinet, est motivé par une réalité politique du pays, en effet la démocratie au niveau national est toute "jeune" puisqu'elle est née dans les années 90 et a encore au jour d'aujourd'hui bien des difficultés à exister en tant que telle. L'idée et le pari est donc d'initier les enfants, futurs citoyens, au modèle même du pays.

 

 

Quelle organisation?


Chaque classe élit 2 filles et 2 garçons par classe, ils représentent les "députés", au sein de la classe ils se réunissent  une fois par semaine autour de la vie de la classe; dans une école de 6 classes les 12 garçons et les 12 filles, un maître de l'école (choisi par eux-mêmes), un représentant de parents d'élèves, et le directeur de l'école forment le Parlement de l'école. ce parlement rédigent les textes des règles de vie de l'école. Et enfin la Cour Constitutionnelle constituée de 3 filles (car elles ont peu la parole ,il y a donc le souci de les mettre "en avant" et d'établir un peu plus de parité) "députées" élues parmi les 12, un seul garçon député, le même maître qu'au Parlement, le même parent et le directeur. Cette cour surveille l'application des textes élaborés par le parlement. Elle se réunit une fois par trimestre.

En plus de ces "institutions" il y a 5 ministres, ce seront les interlocuteurs entre les élèves et le parlement, ce sont eux qui iront voir les élèves directement selon leur attribution:

- un ministre de la discipline, la sécurité, des sanctions et des récompenses

- un ministre de la santé, l'hygiène et la nutrition

- un ministre de l'éducation, la formation et des études

- un ministre des droits de l'enfant et de la démocratie

- un ministre des sports, des jeux et de la culture.

exemples: si un enfant a une plaie qui n'est pas soignée et qui dure, le ministre ira le voir et lui dire qu'il faut aller au dispensaire et revenir  à l'école soigné; si un élève ne respecte pas les règles de nettoyage de l'école il ira discuté avec lui pour reprendre ce fonctionnement...etc

Ce projet est à l'état d'expérimentation, il a démarré en septembre 2009, et s'est terminé avec la fin de l'année scolaire aujourd'hui même!

L'équipe de l'Abem s'attelera à son évaluation dès son retour au pays afin de réajuster, modifier, améliorer ce fonctionnement. Ils nous ont fait part de quelques exemples de sujets abordés :

- les filles travaillent plus que les garçons

- les WC ne sont pas fermés donc toute la population y a accès

- il n'y pas de poubelles dans la cour

- il n'y a pas un ballon de foot pour chaque classe

- le drapeau de l'école est en mauvais état

- il y a trop de retard des élèves mais aussi des maîtres

- les classes ne sont pas assez décorées

- il n'y a pas assez de balais

- il n' a pas de clotûre pour fermer l'école

- et surtout...il n'y a que 3 classes en dur pour 6 classes d'élèves!!!

L'équipe de l'Abem a souligné le fait que la décision de laisser parler les enfants dans leur langue d'origine dans ces instances et non pas en français (langue de l'école) libère plus facilement la parole, les enfants s'expriment donc tous plus librement et n'hésitent pas à critiquer, donner leur opinion ce qui favorise les débats, mais qui n'est pas forcément simple à accepter du côté des adultes (et par tout le monde en général...!), surtout pour leurs collègues qui s'initient aux-mêmes à ces techniques de travail!!! 

Je tiens à souligner les difficultés de fonctionnement et de développement du mouvement Freinet dans un pays qui n'est pas facilitant  pour des raisons géographiques, économiques et matérielles. Les 4 membres présents à la Ridef représentent le bureau de l'Abem (moins une personne qui n'a pu venir), Abem qui regroupe une centaine d'adhérents dans tout le pays. Ils se réunissent trois fois par an afin de mutualiser leurs pratiques. Il y a quelques années le ministère qui les a reconnus officiellement et qui s'intéresse à cette pédagogie les avait aurorisés sur leur temps de travail de directeur, à sillonner les écoles où des enseignants pratiquaient la pédagogie Freinet, malheureusement cette autorisation n'a pas encore été renouvelée...Mais ces militants engagés sont responsables d'unité pédagogique ( regroupement d'enseignants d'un même secteur qui se réunit régulièrement dans l'année) et profitent de ces rencontres pour impulser des choses, et partager leur expérience. De plus en plus de collègues sont interpelés par les techniques Freinet. C'est grâce à cet engagement fort que le mouvement perdure et continue son chemin sur les routes béninoises!

Encore beaucoup d'énergie dégagée au service d'une pédagogie qui semble représenter réellement une réponse aux défis de la planète et de ses habitants où que  l'on se trouve!